Au prince des mers ...
Mgr André Dupleix
Recteur honoraire de l'I.C. de Toulouse
Professeur à l'Institut Catholique de Paris
05/ Au prince des mers…
Il est bien difficile de trouver les qualificatifs pour saluer l’exploit de François Gabard aux commandes de Macif, lorsqu’il pulvérisa le record du monde du Vendée Globe. Ce qui est sûr, c’est qu’au milieu de tant d’autres événements douloureux ou inquiétants, le souffle du large a nettoyé, ne fût-ce qu’un instant, notre ciel indécis. Le défi était de taille, mais, malgré sa jeunesse, le jeune skipper était à sa mesure.
J’ai souvenir qu’il y a vingt-deux ans le béarnais Titouan Lamazou fut le premier vainqueur de cette éprouvante course, et je lui avais aussi consacré un billet…
Quelque chose de grand s’est inscrit dans les lumières glacées de l’Antarctique. Un grand poème d’amour entre le cœur et l’eau, entre l’intelligence et le ciel. Un hymne à l’alliance infinie entre la terre et les vivants. Un concert dans lequel ont su jouer ensemble, et dans une mystérieuse collaboration, intuition, ordinateurs, audace, courage et nature. Une sorte d’écologie totale, au sens presque sacré du terme : complicité entre Dieu, la création et l’humain.
Alors que l’on ne considère souvent le progrès qu’à la seule aune des performantes technologiques, voici que nous est délivré un message différent : la nature aussi a son mot à nous dire, et c’est elle, dans l’harmonie de ses forces, qui peut vraiment permettre aux hommes de se mesurer à l’infini.
Lorsque le monocoque de soixante pieds apparût au large des Sables-d’Olonne, la grande voile dressée était le signe d’autres combats, ceux des mers et des océans, ceux des angoisses, des fatigues et des persévérances. Et j’entendais comme en écho le psaume 104 célébrant les splendeurs du monde : « Tu déploies les cieux comme une tente, tu bâtis sur les eaux tes chambres hautes… voici la grande mer aux vastes bras… A jamais soit la gloire de Dieu… »
Armel Le Cleac’h s’inscrit également dans le même record, passant lui aussi sous la barre des 80 jours. Tous deux nous ont fait rêver, mais ce n’est pas fini. Les pionniers gardent à vie ce goût de la découverte.
François affirmait par radio, quelques jours avant l’arrivée : « je suis persuadé que dans quatre à huit ans, ça ira encore plus vite… » Où donc s’arrêtera ce prince des mers ?