Cent jours après ...
Chaque mercredi, un nouveau billet.
Mgr André Dupleix
Recteur honoraire de l'I.C. de Toulouse
Professeur à l'Institut Catholique de Paris
26/ Cent jours après…
Ce titre, devenu habituel pour confronter à la réalité les premiers mois de tout haut responsable, est aujourd’hui appliqué au Pape François. On pourrait tout autant parler de l’épreuve des cent jours, qui permet aux éditorialistes de toutes tendances de donner leur avis, avec les contrastes que l’on devine, sur ce que cent jours de responsabilité peuvent laisser entrevoir de l’avenir.
Mais voici qu’en l’occurrence de nombreux signes forts ont déjà été donnés sur l’orientation du pontificat, signes que l’on peut rassembler autour d’un mot clé, celui de charité ou d’une prééminence de l’amour, sans que soient pour autant écartées les conséquences institutionnelles, sociales ou politiques d’une telle conviction.
Certes, il y a toujours les gens pressés. Ceux qui veulent qu’on leur décroche la lune dans un minimum de temps, sans tenir compte pour autant de la distance de la lune ou du temps qu’il faut pour qu’un lucide discernement permette de réaliser les changements nécessaires et les orientations à impulser. La tradition chrétienne connait bien la distinction entre le « chronos » et le « kairos », le temps de nos montres et le temps favorable. François le sait mieux que quiconque et pour les observateurs avisés, il est évident qu’il y a déjà un lien irréductible entre ce recentrement sur le cœur de l’Évangile et les exigences qui en découlent tant dans le gouvernement de l’Église que des états et des peuples.
Et puis, que craindre d’un appel à la charité ? J’ai entendu, comme vous, les remarques critiques sur un « paupérisme démagogue », que contredisent radicalement les paroles de l’apôtre saint Paul, écrivant aux Corinthiens : « s'il me manque l'amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante » (I Co 13,1).
N’ayons crainte, les paroles de François, loin d’être réduites à de pieuses exhortations, ont une perspective mondiale, comme le montre, entre autres déclarations, la lettre au G8, rappelant que toute activité politique et économique, nationale ou internationale, doit mettre en son cœur la référence à l’Homme et « garantir qu’elles s’exercent, de manière responsable et toujours dans le sens de la solidarité, avec une attention particulière aux plus pauvres ».