Canonisation Dimanche de la Divine Miséricorde 2014
Mon Seigneur et mon Dieu ! C'est aujourd'hui le Dimanche de la Divine Miséricorde, et ce dimanche s’appelle aussi le “2e dimanche de Pâques” pour marquer que les cinquante jours de Pâques à la Pentecôte sont un seul et même temps : le temps de l’Esprit ! Dès le soir de Pâques, Jésus donne l’Esprit aux disciples (Jn 20,22)…
Radio Vatican
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Textes de ce dimanche
> 1ère lecture : La communauté fraternelle des premiers chrétiens (Ac 2, 42-47)
> Psaume : Ps 117, 1.4, 13-14, 19.21, 22-23, 24-25
> 2ème lecture : L'espérance des baptisés (1P 1, 3-9)
> Evangile : Apparition du Christ huit jours après Pâques (Jn 20, 19-31)
Livret de la canonisation à imprimer
André Dupleix
Exceptionnelle canonisation
Parler de "saints" aujourd'hui ?
Paroisse St Ambroise en la Vallée Heureuse
Samedi 26 avril
Prier pour les vocations avec Marie,
Jean XXIII et Jean Paul II
Dimanche 27 avril
14h30 : Adoration
Jean Paul II, pape et poète
Canonisation des papes
Jean XXIII et Jean Paul II
par le pape françois
Site de la Conférence des évêques de France
Site du Vatican
Jean XXIII et Jean Paul II : 2 papes saints
Les papes se succèdent et se ressemblent plus qu’on ne le pense. Si le cardinal Wojtyla, élu pape le 16 octobre 1978, a choisi le double nom de Jean-Paul II, ce fut par volonté d’assumer le double héritage de Jean XXIII et de Paul VI.
Héritage centré sur le concileVatican II, que le premier imagina et ouvrit, que le deuxième conforta et clôtura, et que le pape polonais porta sans faillir, au moins jusqu’à ses dernières années.
« UN GESTE DE TRANQUILLE AUDACE »
Lorsque, le 28 octobre 1958, au lendemain de la mort de Pie XII, le cardinal Angelo Roncalli, patriarche de Venise, fut élu à 77 ans après une dizaine de tours de scrutin par 35 des 51 cardinaux votants, on ne vit en lui qu’un paisible « pape de transition ». Pourtant, dès le 2 novembre, il confia à son secrétaire l’annonce qu’il allait faire aux cardinaux moins de trois mois plus tard, le 25 janvier 1959.
Ce jour-là, à Saint-Paul-hors-les-Murs, il improvisa une homélie qui prit tout le monde par surprise, annonçant simultanément un synode diocésain pour Rome, un concile œcuménique pour toute l’Église et une refonte du droit canonique. Un silence glacial accueillit ces propos.
L’Osservatore Romano se tint coi, tandis que La Croix y vit « un geste de tranquille audace ». Et le théologien Yves Congar nota, plus tard : « On a l’impression qu’à Rome, toute une équipe s’applique à saboter le projet du pape. »
Le 11 octobre 1962, devant les caméras et les 2 540 pères conciliaires réunis pour l’ouverture de Vatican II, conforté dans sa liberté personnelle par l’approche de sa propre mort pronostiquée peu auparavant par son médecin, Jean XXIII improvisa un discours prophétique, déclarant :« L’Église préfère recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité. »
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« L’ÉVÉNEMENT LE PLUS IMPORTANT DU SIÈCLE »
Peu après, il laissa se dérouler le « coup d’État » des cardinaux Liénart (Lille) et Frings (Cologne) clamant le droit des évêques à travailler collégialement et non selon un ordre du jour prédéfini par la Curie. De même, il décida de renvoyer le schéma préparatoire sur les deux sources de la Révélation à une commission chargée d’y intégrer l’apport de l’exégèse moderne.
Le général de Gaulle, qui avait suggéré à Rome la venue à Paris du nonce Roncalli, fin décembre 1944, aux fins de réajuster l’épiscopat français à la nouvelle donne nationale, devait commenter ainsi : « C’est l’événement le plus important du siècle, car on ne change pas la prière d’un milliard d’hommes sans toucher à l’équilibre du monde. »
Cet événement historique se déroula sous les yeux attentifs du tout jeune Mgr Wojtyla, venu à Rome avec 17 autres évêques polonais. Consacré évêque exactement un mois avant l’élection de Jean XXIII, il se passionna, quoique parfois un peu effrayé par ces débats conciliaires si nouveaux pour lui. Appliqué, il avait répondu, dès le 30 décembre 1959, en latin, au questionnaire préparatoire, insistant sur la réconciliation œcuménique, la « réanimation de la liturgie » et le nécessaire renouveau de la réflexion éthique.
Le 3 juin 1963, la mort de Jean XXIII confirma l’intuition que Roncalli avait confiée peu avant au cardinal Suenens : « Mon rôle fut de mettre à la mer l’énorme et lourd navire. Un autre aura pour rôle de le mener au large. » Ce sera celui de Paul VI. Sa demande de pardon aux frères séparés chrétiens, formulée à l’ouverture de la deuxième session, le 29 septembre 1963, marquera le jeune Wojtyla. Celui-ci reprendra la formule (« Ce pardon, nous le réclamons pour nous et nous l’accordons aux autres ») face aux évêques polonais, en 1965, puis plus tard lors des grands pardons du Jubilé de l’an 2000.
> Voir notre dossier pratique : comment suivre les canonisations
WOJTYLA S’ENTHOUSIASME POUR VATICAN II
Avec pas moins de huit discours en séance plénière et 13 interventions écrites, Wojtyla s’enthousiasma pour Vatican II, tout en insistant sur plusieurs points : le dialogue nécessaire avec les autres religions, comme avec le monde, ne doit jamais s’opérer au détriment de la Vérité. De même, l’ordre public doit être en conformité avec l’ordre moral objectif. En un mot, il faut faire avancer l’Église au rythme du monde, sans altérer la Révélation qui en est le fondement.
Aux yeux de Jean-Paul II, Vatican II fut « la grande grâce dont l’Église a bénéficié au XXe siècle : il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence (1) ».
Et lorsque, le 21 février 1998, il créa de nouveaux cardinaux, il précisa sa pensée : « Regardant avec vous au-delà du seuil de l’an 2000, j’invoque du Seigneur l’abondance des dons de l’Esprit divin pour toute l’Église, afin que le “printemps” du concile Vatican II puisse trouver son “été” dans le nouveau millénaire, c’est-à-dire en pleine maturité. »
« SI JEAN XXIII FUT LE PÈRE DU CONCILE, JEAN-PAUL II EN FUT LE FILS. »
Le temps a passé et Philippe Chenaux, qui dirige à Rome le centre de recherches sur Vatican II de l’Université pontificale du Latran (2), est aujourd’hui formel : « Si Jean XXIII fut le père du Concile, Jean-Paul II en fut le fils. Sans le premier, le Concile n’aurait pas eu lieu. Et sans le Concile, nous n’aurions pas eu Jean-Paul II. »
L’historien a retrouvé des textes inédits de Karol Wojtyla, datant des années 1962-1966, dans lesquels le pasteur polonais reconnaît cette paternité : « Jean XXIII, écrivait-il, n’a pas seulement convoqué le Concile, il l’a engendré. » Pour lui, « Vatican II a été une expérience fondatrice dans l’itinéraire personnel de Wojtyla. Il a reconnu cette dette. Et tout son pontificat a été une application du Concile. »
Analysant plus avant, on peut relever entre les deux papes tant des convergences que des divergences. Parmi les premières, aux yeux de Philippe Chenaux, leur formation romaine « à l’ancienne au sens tridentin », mais aussi leur dimension pastorale. Jean XXIII, dès le 11 octobre 1962, a voulu un concile pastoral. Et Wojtyla, lui, a attendu, écrit-il, « des directives pour agir concrètement ».
JEAN-PAUL II A « INTERPRÉTÉ LE CONCILE DE MANIÈRE PRODIGIEUSE »
Sur un autre plan, l’un et l’autre ont été des « leaders mondiaux », rappelle Philippe Chenaux. Jean XXIII, dans son encyclique Pacem in terris, son testament spirituel, a été le premier pape à s’adresser « à tous les hommes de bonne volonté », mentionnant pour la première fois la Déclaration universelle des droits de l’homme. Et Jean-Paul II, rappelle l’historien romain, a « interprété le Concile de manière prodigieuse », notamment sur ce thème des droits de l’homme, de la paix, de la liberté religieuse, du dialogue interreligieux.
Sur ce dernier point, l’essayiste Alexandre Adler rappelle une anecdote méconnue : « Sans doute ne se rappelle-t-on pas que, dans un de ces états d’émotion qui participaient à son caractère étonnant, Jean XXIII avait fait arrêter sa voiture devant la synagogue de Rome où avait lieu une cérémonie religieuse et en était descendu pour aller bénir les fidèles. Un jeune homme présent à cette scène devait cependant en garder précisément la mémoire. Il s’agissait d’Elio Toaff, le grand rabbin qui reçut Jean-Paul II lors de la cérémonie, officielle cette fois, du 13 avril 1986. »
Quant aux divergences entre les deux papes, elles relèvent plutôt des époques et des contextes culturels différents dans lesquels ils ont vécu, et notamment, souligne Philippe Chenaux, « dans leur manière d’affronter le défi de la sécularisation ». S’il convient de se garder de tout anachronisme, ce défi ne présentant pas les mêmes caractéristiques sous Jean XXIII (1958-1963) et sous Jean-Paul II (1978-2005), on peut retenir que le premier l’affronta, selon l’historien, « tranquillement, faisant confiance à l’Esprit », tandis que le second fut « plus combatif, plus volontariste, notamment en lançant la nouvelle évangélisation ».
« JEAN XXIII A ÉTÉ LE PAPE DE L’INTUITION, ET JEAN-PAUL II, LE PAPE DE L’EXPRESSION. »
Mgr Patrick Valdrini, pro-recteur de l’Université pontificale du Latran, estime pour sa part qu’à travers Vatican II, « l’Église parle d’elle-même, de manière renouvelée ». À ses yeux, « ces papes n’ont pas été les auteurs à proprement parler du rééquilibrage : il était en cours déjà depuis le début du XXe siècle (pastorale, œcuménisme, études bibliques, droit canonique). » Comment ? « Jean XXIII en convoquant le Concile, et Jean-Paul II en l’appliquant. Jean XXIII a été le pape de l’intuition, et Jean-Paul II, le pape de l’expression. » Ce que confirme Alexandre Adler lorsqu’il écrit que « Jean-Paul II ne fit, si je puis dire, qu’amplifier par des gestes symboliques au retentissement spectaculaire, ce que Jean XXIII avait anticipé ».
Autrement dit, avec sa bonhomie, son apparence ingénue, simulant l’improvisation, notamment lors de l’annonce du 25 janvier, Jean XXIII, souligne Mgr Valdrini, « a été le pape nécessaire pour convoquer le Concile ». Tandis que Jean-Paul II « a assumé parfaitement cette ecclésiologie, dans laquelle il fut parfaitement à l’aise. Il restera comme le pèlerin qui a traversé le monde pour montrer la présence de l’Église dans toutes les cultures. » En un mot : « Chacun de ces papes a vécu au bon moment. Ils ont tous les deux été des hommes de leur moment historique, partageant une forte foi en l’Église. »
La Fraternité Saint-Pie-X, en rupture avec Rome, ne s’y est pas trompée. Car c’est bien sur la base de son refus de Vatican II qu’elle s’oppose énergiquement à la canonisation de Jean-Paul II : « La rupture est le fait de ce pape, qui a voulu rendre l’Église conforme aux nouveautés introduites par le concile Vatican II. En ce sens, la canonisation de Jean-Paul II sera, elle aussi, une nouveauté. Mais une nouveauté contestable, pour qui veut rester attaché à la Tradition de l’Église. » Et de poursuivre son argumentation avec une intéressante mise au passif de Vatican II de tout ce qui fut au contraire son actif, notamment l’œcuménisme et la liberté religieuse.
LA LISTE EST LONGUE DES COMPARAISONS ENTRE ANGELO RONCALLI ET JORGE BERGOGLIO
Lorsque le pape François, ce 26 avril, rendra hommage à ses prédécesseurs, il aura certainement à l’esprit Jean-Paul II, pape des droits de l’homme, des rencontres d’Assise, du chemin parcouru vers les juifs, d’une Église « amie des hommes ». Mais il se souviendra aussi, sur un autre plan, des premiers mois d’Angelo Roncalli dans et, surtout, hors les murs du Vatican.
Car la façon de « faire le pape » choisie par François résonne fortement aux oreilles de ceux qui, il est vrai peu nombreux aujourd’hui, ont vécu le pontificat de Jean XXIII. La liste est en effet longue des comparaisons, à peine appuyées, entre Angelo Roncalli et Jorge Bergoglio. Même si comparaison n’est pas raison, les années Jean XXIII furent marquées d’une électricité équivalente à celle qui anima la première année de celui qui le canonisera aujourd’hui.
Lui aussi n’hésita pas à sortir du Vatican pour aller à la rencontre des prisonniers et des enfants malades. Lui aussi, qu’on disait âgé et de santé fragile, ouvrit un champ de réformes inattendues. Lui aussi nomma les cardinaux ses « frères », et recadra la Secrétairerie d’État. Il reçut la presse après son élection, improvisant un discours simple et chaleureux, et plus tard, des homélies et des allocutions compréhensibles par tous.
Lui aussi déclara : « La pauvreté doit rester un des titres les plus beaux et les plus respectables du pape. » Et encore, lors de son couronnement :« Nous tient particulièrement à cœur notre fonction de pasteur sur tout le troupeau. Le berger marche devant ses brebis et toutes le suivent. Mais il est appelé à regarder plus loin encore : il y a d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie et que je voudrais y ramener. » Lorsqu’il prononça ces mots, le Concile n’avait pas encore eu lieu…
(1) Encyclique Novo millennio ineunte, n° 57.
(2) Le Temps de Vatican II, DDB, 2012.