Ils le reconnurent ...

32/ Ils le reconnurent…

La rencontre entre Jésus et les disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35) est, parmi les textes relatant la résurrection de Jésus, celui qui nous est peut-être le plus proche par son réalisme et ses dialogues.

Ce récit de saint Luc, sujet de plusieurs œuvres d’art dont les tableaux de Rembrandt ou du Caravage, est essentiel pour nous permettre d'entrer de plain-pied dans la situation des disciples après la mort de Jésus. Mais quelque chose nous est également dit tant sur nos interrogations que  sur le changement, le retournement que produit en nous la présence du ressuscité.

Il s’agit bien ici d’un passage, d’une traversée.  Le passage de la peur à la confiance, le passage de la tristesse à la joie, le passage du monde clos à l'ouverture dont le trajet des disciples est significatif. Lorsque Jésus les rencontre, ils quittent Jérusalem, abattus, déçus, résignés. Lorsque Jésus disparaît à leurs yeux, ils quittent Emmaüs, le cœur chaud, pour repartir à Jérusalem. Ils se retournent vers l'endroit qu'ils fuyaient.

Voilà l'histoire du premier acte de foi. L'étranger qui les avait rencontrés devient subitement l'ami, mais l'ami devient tout autre... Comme pour les convaincre qu'à travers l'absence et la distance, le geste du pain rompu va désormais suffire pour faire l’expérience d’une présence définitive. Désormais le souvenir sera une rencontre.

Si la Résurrection est déterminante pour la foi chrétienne, c'est parce qu'elle nous fait vivre et célébrer cette présence du  Christ au cœur de son Église, dans la vie personnelle des croyants et dans le monde.  Nous rencontrons celui qui vient à nous, celui qui prend l'initiative. Voilà bien la source de notre espérance.  Nous pouvons  proclamer comme une bonne nouvelle que le Christ est vivant.

Et l’insistance des disciples d’Emmaüs devient la notre : « Reste avec nous car le soir vient et la nuit est déjà avancée… » . Mais la nuit a été traversée par la lumière. Le passage est ouvert. La mort n’a plus le dernier mot. Le chant du veilleur domine le vacarme des violences et des effondrements. Nous sommes des vivants. Peuples de toutes races et cultures, venus de loin ou à notre porte, un seul message nous rassemble  : Christ est  ressuscité… Alléluia !