« Le vent souffle où il veut »
Chaque mercredi, un nouveau billet.
Mgr André Dupleix
Recteur honoraire de l'I.C. de Toulouse
Professeur à l'Institut Catholique de Paris
« Le vent souffle où il veut »
« Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va » (Jn 3,8). Ces paroles de Jésus à Nicodème lors de leur entretien nocturne ne peuvent que résonner profondément en nous durant ces jours où l’Église catholique se prépare à recevoir l’annonce d’un nouveau pape. J’ai bien conscience d’ajouter un texte de plus aux nombreux autres publiés, mais je le fais en perspective plus spirituelle qu’institutionnelle, sachant bien que par ailleurs les analyses, bilans ou prévisions, ne manquent pas.
Le vent souffle où il veut, mais ce n’est pas n’importe quel vent… Il s’agit bien en l’occurrence du souffle de l’Esprit. La citation de saint Jean est d’ailleurs justement complétée par les mots : « Ainsi en est-il de celui qui est né de l’Esprit »… Et ce vent qui souffle où il veut – c’est la pleine liberté de Dieu – si nous ne savons pas toujours d’où il vient et où il va, lui le sait bien… D’où notre confiance en ce souffle imprévisible qui nous pousse dans les traversées les plus inattendues.
Ce qui est sûr, c’est que nous ne pouvons, sans risque, faire dériver ce souffle en lui assignant les directions qui nous conviennent. Le risque c’est que nos voiles soient mises à mal et que tôt ou tard nous échouions sur des rivages d’où nous pourrons toujours repartir mais à condition de reconnaître la voix de ce vent favorable.
Si ce souffle peut nettoyer le ciel, nous devons accepter aussi qu’il nettoie et purifie nos intentions et nos projets, nos intérieurs calfeutrés et encombrés. Souffle de renaissance, de renouvellement et d’authentique espérance. Souffle de Dieu qui ne veut que le bien de l’humanité et qui, pour cela, n’hésite pas à balayer ce qui doit l’être, dût-on en souffrir mais pour une grande vérité de nous-mêmes et de ce que nous entreprenons.
Alors, que souhaiter, en ces jours de Carême déjà éclairés par la lumière de Pâques, sinon que cette lumière du Christ soit plus forte que la nuit de nos erreurs ou nos dérives. La lumière et le souffle sont, indissociablement, les signes que Dieu nous envoie pour nous aider à reprendre résolument le chemin ininterrompu de l’Évangile.
Nous pouvons savoir alors d’où vient le vent et où il nous conduit …