Noël ou la nuit de l'espoir
Mgr André Dupleix
Recteur honoraire de l'I.C. de Toulouse
Professeur à l'Institut Catholique de Paris
43/ Noël ou la nuit de l'espoir
Ces quelques jours qui nous séparent de Noël sont marqués par les ultimes préparatifs d'une fête dont la célébration religieuse a bien souvent cédé la place aux seules réjouissances ou aux manifestations d'amitié. Il n'y a d'ailleurs aucune opposition - encore faut-il le rappeler - entre la joie et la lumière du Noël chrétien et les multiples expressions de la joie et de l'allégresse humaines.
Mais je mettrai volontiers l'accent sur un aspect particulier de cette grande célébration - semblable sur ce point à la fête de Pâques - c'est son rapport à la nuit. On parle certes du jour de Noël comme du jour de Pâques, mais dans les deux cas, il s'agit bien, avant le plein éclat du jour, d'une lumière dans la nuit. Or nous savons tout ce qu'évoque en nous la densité de la nuit. La nuit protège mais suscite aussi l'angoisse. La nuit est le temps des grands mûrissement mais aussi des extrêmes solitudes. Nuit des pires menaces et du secret des renaissances.
Car c'est du fond des ténèbres que surgit la flamme de l'espoir. L’événement de la Nativité que rappellent et célèbrent les chrétiens, est en effet, depuis la naissance historique de Jésus jusqu’à nos jours, une réaliste alliance entre un monde marqué par tant de déséquilibres et de forces destructrices et l’espoir et la paix annoncés et transmis.
Plus la clarté projetée est vive, plus apparaît ce qui est dans l’ombre. Je songe à cette expression si juste de Maurice Bellet : «C’est la lumière qui crée la nuit, et c’est pour cela que la nuit est si violente…».
Face à la lumière, l’obstacle. Face à la vérité, le refus. Face à l’amour, les barrages de la haine et l'obscurité de la mort. La naissance de Jésus s’est faite dans un monde tout autant marqué par l’épreuve qu’aujourd’hui. Rien de moins, rien de plus, sauf que les possibilités de destruction se sont multipliées.
Alors, Noël serait-il une illusion de plus ? La répétition ininterrompue de belles paroles et de gestes naïfs de fraternité ? Certainement pas ! Cette nuit, mystérieusement éclairée par l'enfant Jésus qui n'est rien d'autre que Dieu lui-même dans notre chair et notre monde, devient la nuit de tous les espoirs...