Quelle sainteté ?
Chaque mercredi, un nouveau billet.
Mgr André Dupleix
Recteur honoraire de l'I.C. de Toulouse
Professeur à l'Institut Catholique de Paris
52/ Quelle sainteté ?
Comme chaque année la liturgie de l’Église nous conduit, en la fête de la Toussaint, à réaffirmer l’une des plus profondes convictions de la tradition chrétienne : Dieu seul est saint mais il nous appelle tous et toutes à la sainteté.
Sur le premier aspect, il ne peut y avoir qu’unanimité des croyants, quelques soient les traditions spirituelles. Sur le second, les choses ne sont pas aussi évidentes. Pourquoi donc la célébration de la Toussaint nous associe-t-elle à la sainteté et à la gloire de Dieu ?
Parce qu’il s’agit là de la volonté même de Dieu et que son appel constant à la sainteté contrecarre en permanence les assauts du mal. Parce que l’image de Dieu en nous résiste, plus que nous le pensons, aux ruptures et aux effondrements. La gloire de Dieu n’est point rivale de la destinée humaine.
La sainteté n’est pas une distribution des prix, une récompense des élites, mais un appel adressé à chacun pourvu qu’il choisisse d’aimer. La sainteté est plus que jamais pour notre temps un appel universel, une voie accessible, un chemin de libération, un effort réalisable, une certaine définition de l’existence. Dire cela, c’est donner un coup d’arrêt à tous les misérabilistes et autres démissionnaires qui passent leur temps à dire que rien ne va plus ou à pointer l’erreur non sans complaisance et de préférence chez les autres.
La gloire de Dieu éclaire le présent. Nous ne sommes ni des nostalgiques d’hier ni des inquiets de demain. Bien au contraire, par notre lien au Christ ressuscité, nous puisons dans toutes les ressources accumulées jusqu’ici une force et une confiance illimitées pour vivre plus intensément encore ce qui est à venir et à réaliser.
Comme la Toussaint est au cœur de l’automne, elle est célébration d’une gloire qui ne nous éblouit pas mais nous enveloppe insensiblement d’espérance. Tels ces soleils de novembre qui, à travers les premiers brouillards, sont une parabole de la fidélité de Dieu et de sa présence au plus secret de notre vie. N’y a-t-il pas, là aussi, un signe de cette mystérieuse et réelle communion d’amour avec ceux et celles qui nous ont quittés, mais dont les visages sont sculptés dans notre mémoire et dans notre cœur ?