27 décembre : "A Dieu" Raymond Fau
Mort de Raymond Fau, une figure de la chanson chrétienne
"Tu es là au cœur de nos vies", "Je veux te chanter Marie", "N'aie pas peur"... Ces titres du répertoire chrétien qui ont accompagné la vie de foi de tant de fidèles, on les doit à Raymond Fau. L'auteur-compositeur-interprète s'est éteint dans la nuit du 26 décembre, à l'âge de 85 ans.
- Le style Raymond Fau
Né en 1936 à Graulhet, dans le Tarn, Raymond Fau appartient à cette génération d’artistes chrétiens dont les œuvres ont accompagné la vie de foi et la pratique religieuse de milliers de fidèles. Son style, c’était "des chansons simples, au service de la rencontre", explique Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste et musicien, auteur du blog Au cabaret du bon Dieu. Des chansons jugées parfois trop simples, voire vieillottes au fil des années.
- Raymond Fau, une figure de la chanson chrétienne
Pourtant, qui a grandi dans les années 70 ou 80 ne peut oublier les airs de "Tu es là au cœur de nos viesvet c’est toi qui nous fais vivre", "Je veux te chanter Marie", ou "N'aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ", pour ne citer que certains de ses plus grands titres. Pendant 30 ans, Raymond Fau a été un créateur inlassable. Pour Robert Migliorini, "il est l’un des initiateurs et des continuateurs du Père Duval" - Aimé Duval (1918-1984), ce jésuite que l’on surnommait le Brassens en soutane.
- Un artiste "aux périphéries"
Raymond Fau était aussi photographe et grand voyageur, en Afrique ou en Asie. Et un artiste qui allait "aux périphéries", comme le dit Robert Migliorini. "Dans la journée, il allait dans les écoles, le soir il remplissait les églises…" Et en dehors de ses concerts, il vendait beaucoup de disques. Si bien que "maintes commissions de chants liturgiques se sont intéressées au succès de Raymond Fau, pour savoir pourquoi ça marchait si bien". L’assomptionniste raconte que dans l’une des études on peut lire : "C’est le chant de quelqu’un qui dit la merveille de sa vie. C’est un peu le langage des amoureux de tous les temps."
Raymond Fau – Il est parti, le mendiant de lumière…
Raymond Fau, Tarnais dont les compositions musicales ont marqué plusieurs générations de chrétiens, s’est éteint dans la nuit du 26 au 27 décembre 2021.
La messe de ses obsèques a été célébrée le 30 octobre à Graulhet dans l’église paroissiale Notre-Dame du Val d’Amour; elle était présidée par le curé, le P. Jean-Marc Vigroux.
« Une célébration qui ressemble à ce grand homme, grand par sa foi, sa modestie, son humanisme… », commentait un couple tarnais.
Le soir précédent, une veillée de chansons avec plusieurs chanteurs et musiciens avait réuni une large assemblée en hommage à celui qui avait été leur ami, leur inspirateur, leur soutien…, celui dont les refrains avaient fortifié la foi, apprenant à des multitudes à chanter l’Ami par excellence, Jésus.
« Il est parti l’homme des longues routes, écrit André Fabre, diacre dans le Lacaunais, il est parti l’amoureux de la vie et de la liberté.
L’homme des chansons du vent d’Autan, du petit train de Lacaune du vieux pont d’Albi et des collines graulhétoises…
Il est parti dans la lumière des visages croisés, aimés et gardés sur ses pellicules. Son œil était plus grand que le monde, sa soif de l’Autre et des autres était plus forte que ses chansons. Scout un jour, scout toujours, jusqu’au bout de ses doigts et de ses mains ouvertes.
A Dieu, l’ami, va-t’en donc retrouver Aimé Duval, Pierre Pradelles et tant d’autres, témoins d’une Eglise toujours en quête de l’Homme-Dieu.
Merci pour tes mille chansons qui ont porté tant d’hommes et de femmes jusqu’au bout de la joie de l’Evangile et de ses bonnes nouvelles.
Lire le récit de son parcours publié en 2016 aux éditions Bayard sous la plume de Jean Humenry avec Christophe Henning, préfacé par Gaëtan de Courrèges.
Mort de Raymond Fau, troubadour de Dieu
Né dans le scoutisme, Raymond Fau était tout aussi bien chanteur catholique que photographe. Il a fait chanter des centaines d’assemblées, visité tous les pays du monde, et laisse des dizaines de refrains.
- « Tu es là, au cœur de nos vies, et c’est Toi qui nous fais vivre… »
Ce refrain de Raymond Fau, composé en 1973, n’a cessé d’être repris dans les paroisses et les rassemblements depuis sa création. Démodé, voire dénigré, ce chant résume pourtant bien la foi vibrante et simple d’un homme qui vient de s’éteindre à l’âge de 85 ans, dans la nuit du 26 au 27 décembre 2021. C’est dans son pays, à Graulhet (Tarn), que celui qui a parcouru le monde s’était posé depuis plusieurs années pour se reposer et aussi se battre contre la maladie.
- Un chant joyeux
Il avait raccroché le micro le 15 juin 1996 très précisément, après trente ans de tournées et près de deux cents disques vendus à des millions d’exemplaires. Tout cela sans l’appui d’aucune télé ou radio. Au cours des centaines de veillées qu’il animait dans les églises et les écoles, il chantait et faisait chanter un public toujours fidèle qui reprenait avec lui Toute ma vie, je chanterai ton nom Seigneur, Tu nous appelles à t’aimer ou encore N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ. Taquinant les religieuses, projetant sur grand écran les portraits du bout du monde, Raymond Fau ne donnait pas de leçon, mais partageait sa joie, ses révoltes, sa passion de la rencontre et sa foi : « Dieu, je ne l’ai jamais vu, mais il m’a semblé le voir et le rencontrer dans le visage de l’autre », confiait-il.
À 18 ans, ce fils de tanneur quitte sa terre natale pour un service militaire en Oubangui-Chari, aujourd’hui République centrafricaine : c’est la découverte de l’autre qui animera toute sa vie. Déjà équipé d’un petit appareil photo, il ne cessera de parcourir les villes et les déserts : « L’Afrique m’a permis de sortir de moi-même, de m’intéresser aux autres (…) et j’y ai aussi trouvé le sens de la fête, de la communauté, de la famille, le respect profond de la vie… » Au retour d’Afrique, dans les années 1960, il s’investit dans le scoutisme, devient animateur national. De la veillée familiale au feu de camp, le chant prend de l’importance. C’est aussi l’après-concile Vatican II, avec ce qu’il faut d’imagination et parfois d’audace maladroite pour exprimer sa foi en chansons.
- Des paroles simples
Raymond Fau chante souvent dans les églises mais n’a pas de prétention liturgique : c’est toujours la veillée qui est le cadre de ces rencontres entre le troubadour de Dieu et le public de tous âges. « Les intellectuels me boudent, et je les comprends : mes rimes sont trop simples pour eux, mes images, trop banales. Et cependant, dans leur pauvreté, elles parlent aux gens que je rencontre », se défend-il.
L’accent chantant et la voix si particulière, le crâne dégarni, vêtu de son inséparable pull à col roulé, il entraîne la foule à reprendre des refrains mélodiques, des paroles simples qui parlent à tous. S’il écrit avec Jean Debruynne ou Gaëtan de Courrèges, une mélodie, un refrain pouvaient aussi jaillir dans un village de brousse ou sur la route, entre deux veillées. Successeur du père Duval, il est juste accompagné d’un guitariste, qui change d’année en année : Raoul Mutin, qui sera ordonné prêtre, Jean-Pierre Bonsirven, Steeve Gernez, qui ont continué dans la chanson, et d’autres encore…
- Une voix et un œil
Ses chansons le portent de ville en ville, jusqu’au bout du monde. En Afrique d’abord, tout particulièrement au Maroc. Puis ce sera la découverte passionnée de l’Inde, du Népal, du Myanmar, l’autre nom de la Birmanie.
La photo devient l’instrument de la rencontre, des sourires échangés jusqu’aux refrains fredonnés d’une même voix : « Quand je vais à l’étranger, la première chose que j’apprends dans la langue du pays, c’est le prénom d’un enfant, d’un homme, d’une femme qui, d’inconnus, deviennent connus », confie-t-il à Jean Humenry, son biographe (1). À la rencontre s’ajoute l’émerveillement toujours démonstratif chez Raymond Fau qui s’exclame joyeusement devant un paysage, un visage. « C’est un œil, dit de lui un ami, un œil d’artiste incontestablement, comme on évoque l’oreille absolue d’un grand musicien. »
« Je partirai un jour, mes yeux pleins de ciel bleu, et je dirai au vent mes plus belles chansons », chantait-il encore. Discret, voire solitaire, Raymond Fau recevait encore, durant sa retraite et notamment face à la maladie, de nombreuses marques d’attention des chanteurs chrétiens qui lui doivent tant, héritiers d’un répertoire et surtout d’un art de dire sa foi simplement. Il suffit parfois de quelques notes.
"Il est parti là-bas où les derniers seront les premiers"
« II incarnait le souffle du concile Vatican II »
« Raymond Fau, Un guide, un éclaireur ».
« Raymond Fau, un troubadour, un témoin du Christ et de son Évangile »
« Ce matin là au royaume des Cieux, un grand chanteur français ».