Temps d'Adoration animé par la famille du Prado
Avant d'être un pain de vie
« Avant d'être un pain de vie, il faut passer par la Crèche et le Calvaire. Ainsi le blé : il faut le battre, le dépouiller de la paille et du son, puis le faire moudre ; il perd sa forme ; ensuite il peut devenir du pain utile à nos corps... Si l'on mangeait le blé avec son épi, il ferait mal ; avec le son, il ne serait pas mangeable. Quand il est moulu, alors il devient une nourriture. Ainsi nous : nous ne pouvons être utiles au prochain pour l'âme et le corps que lorsque nous avons passé par la mort » (Notes de retraite, 1866, Ms X, p. 24).
CONTEMPLER JÉSUS-CHRIST DANS LA CRÈCHE
« Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous. Voilà la plus grande, la plus belle, la plus étonnante et la plus mystérieuse parole de l'Évangile, digne d'être méditée à jamais par tous les hommes, parole qui renferme en abrégé tout l'Évangile et toute notre croyance » (Ms V, p. 773).
« Un Dieu se fait enfant... Dieu, par amour, se rend visible. Il nous appartient. Il nous est donné... Il vient lui-même... » (Sermon de Noël, 1857).
« O ineffable mystère ! Dieu est avec nous, Dieu est venu nous parler, il est venu habiter avec nous pour nous parler et nous instruire. »
Ô Jésus qui avez poussé l’amour de la pauvreté jusqu’à vouloir naître dans une étable, n’ayant pour berceau qu’une misérable crèche et qu’un peu de paille pour couchette, accordez-moi la grâce d’aimer la pauvreté et de mépriser tous les biens de la terre pour ne plus m’attacher qu’aux biens impérissables du ciel. Faites que je comprenne bien cette parole de votre Évangile : « Bienheureux les pauvres en esprit, parce que le Royaume des Cieux est à eux ! » Permettez-moi de m’agenouiller au pied de la crèche pour y adorer l’Enfant Jésus. Laissez-moi contempler ce petit Enfant, ce Jésus des petits et des pauvres, ce Trésor de ceux qui n’ont point, ce Pain délicieux des misérables qui sentent leur indigence, ce Pasteur des brebis perdues qui vient leur ouvrir le bercail de sa miséricorde. Comme vous avez bien fait de naître dans cette étable ! Là, votre accès est facile, tout le monde a le droit de venir vous visiter et vous le voulez ainsi pour recevoir tout le monde. Si vous naissez ainsi pauvre, c’est pour m’apprendre que le premier pas dans la vie parfaite est la pauvreté. Je l’embrasse donc avec joie et amour. Cette belle pauvreté, je veux en faire ma vertu chérie. Ce sera la première de mes vertus. Puisque c’est par elle que vous venez à moi, c’est aussi par elle que je veux aller à vous. Le Rosaire du Père Chevrier, troisième mystère joyeux, cahier 5/4.
SUIVRE JÉSUS-CHRIST SUR LA CROIX
Le Père Chevrier ne se lassait pas d'étudier et de prêcher, comme saint Paul, Jésus Christ crucifié. Il disait que c'est au calvaire que le chrétien apprend à être un homme crucifié :
« Je vais profiter de ce temps pour étudier un peu la passion de Notre Seigneur. Ce ne sera pas du temps perdu. Il y a de si belles choses dans cette passion du Sauveur... » (Lettre à Mme Franchet).
« C'est dans sa Passion que Notre Seigneur a été le plus beau et le plus parfait » (P 2, p. 145).
« O pauvreté, que tu es belle !« Jésus Christ, mon Maître, t’a trouvée si belle qu’il t’a épousée en descendant du ciel, qu’il a fait de toi la compagne de sa vie et qu’il a voulu mourir avec toi sur la croix. « Donnez-moi, ô mon Maître, cette belle pauvreté. « Que je la prenne avec joie, « que je l’embrasse avec amour, « pour en faire la compagne de toute ma vie et mourir avec elle sur un morceau de bois, comme mon Maître ! » (VD, p. 323)
« Avec quelle générosité il s'offre à son Père ! Avec quelle soumission il accepte les rigueurs de sa justice ! Avec quel calme il parle de sa mort et l'annonce à ses disciples ! Avec quelle ardeur même il la désire ! Le moment venu, avec quel courage il va au-devant de ses ennemis ! Avec quelle dignité il leur parle ! Avec quelle bonté il les traite ! Avec quelle douceur il se livre à eux et se laisse conduire partout où ils veulent ! Avec quelle majesté il parle à ses juges ! Avec quelle patience il souffre ! Quel silence dans toutes les accusations ! Avec quelle humilité il reçoit les affronts et les injures ! Avec quelle bonté il pardonne ! Avec quelle perfection il obéit ! Avec quel amour il souffre ! Avec quelle puissance il meurt ! Tout cela, volontairement, par amour pour son Père et pour nous. « C'est le grand martyr de l'amour et de l'obéissance » (Ms VI, p.434).
« Il faut porter notre croix chaque jour, tous les jours il faut recommencer. Quand on la quitte, le soir, il faut la reprendre le matin et la porter comme la veille et mieux que la veille. Chaque jour, sans se lasser, avec persévérance ; si on la laisse tomber, il faut la reprendre jusqu'au bout. Il ne faut pas se décourager dans la voie de la croix. « Il y a toujours à souffrir, jusqu'à la mort, et il faudra mourir sur la croix, se laisser attacher sur la croix comme Notre Seigneur ; tomber quelquefois, mais se relever par la prière et continuer sa marche. Il faut de la persévérance. »
SUIVRE JÉSUS-CHRIST DANS LE TABERNACLE, L’EUCHARISTIE
La nourriture, la vie, nous est donnée.
L‘eucharistie est le prolongement de l’incarnation et de la rédemption. Admirable enchaînement des oeuvres de Dieu. Tout se tient.
L’eucharistie est une extension de l’incarnation divine.
Dans l’incarnation, il se change en nous. Il devient homme
Par l’eucharistie, il nous change en lui. Nous devenons lui.
Dans l’incarnation, il se rend sensible aux hommes de son temps.
Par l’eucharistie, il se rend sensible a tous les siècles.
Ne cessez pas de repasser dans votre coeur les grands mystères de l’incarnation, de la croix et du tabernacle.
Tous les jours on mange. Tous les jours nourrissez vous de ces trois mystères.
Antoine Chevrier se posait une question et c’est au Christ lui-même qu’il l’adresse :
Oui, il est là, je le crois !
Comment cela se fait-il ? . . .
Par quel miracle te trouves-tu enfermé vivant
Dans cette petite Hostie qui paraît inanimée ?
Comment t’y trouves-tu tout entier dans un pain rétréci ? . . .
Je n’en sais rien !
Mais ce que je sais, c’est que tu l’as dit,
Et parce que tu l’as dit, je le crois !
(Sermon prononcé à St André)
Pour nous rejoindre, Jésus prend de multiples chemins :
celui de sa Parole, celui des événements, petits et grands,
celui de la vie fraternelle et du partage.
Celui des pauvres où il se cache derrière leur pauvreté.
Il est présent dans l’immensité des univers qui ne peut contenir sa grandeur
et présent dans le sanctuaire de mon être profond où je peux dans le secret,
Le rejoindre.
Pour le Père Chevrier, l’Eucharistie n’est pas seulement le mystère d’une présence.
Dans ce signe, l’hostie n’est pas là seulement pour être ‘regardée’ elle est là pour être ‘mangée’. Elle est une nourriture !