Le Carême, un temps favorable
Mgr André Dupleix
Recteur honoraire de l'I.C. de Toulouse
Professeur à l'Institut Catholique de Paris
08/ Le Carême, un temps favorable
Les chrétiens sont entrés en Carême, et si l’on est en droit de penser que la plupart d’entre eux ont conscience de l’importance de ce temps pour leur foi, il n’est pas sûr que dans l’opinion publique on en mesure bien le sens.
Le Carême fait partie pour beaucoup du package chrétien. Comme la messe du dimanche ou la prière du matin ou du soir. En ce sens il garde d’une certaine façon une dimension plus culturelle que spirituelle. Il est normal qu’un chrétien fasse son Carême, dont on note alors volontiers quelques symboles – qui ne sont pas nécessairement les plus importants – comme les privations, le jeûne ou l’abstinence.
Loin de moi l’idée que ces aspects n’appartiennent pas au Carême. Mais comment oublier qu’il s’agit d’abord d’une question de cœur et d’une démarche plus intérieure que médiatique. Nous ne pouvons minimiser les appels évangéliques à mesurer notre vie à l’aune de l’amour et de la vérité plus qu’à l’autosatisfaction ou à la reconnaissance publique. En ce sens, le Carême nous tourne résolument et dans un même mouvement vers le Christ et vers les autres.
Si l’on peut vraiment parler d’une préparation à la grande célébration de Pâques, on peut tout autant dire que la lumière de Pâques éclaire déjà ces quarante jours et que ce temps nous permet de nous demander avec plus d’intensité que d’habitude : « Suis-je un vivant… Suis-je témoin, autour de moi, de cette vie éternelle déjà commencée ? ». C’est alors que les efforts de Carême prennent sens.
Si les privations nous enferment, elles sont stériles. Si elles nous ouvrent, elles sont fertiles. Et nous remplaçons la face de carême par le visage d’espérance. Et les sacrifices consentis peuvent permettre autant de mûrissements de l’amour. Il est bon que notre corps soit marqué, mais si le cœur n’y est pas, nous ressemblerons, comme le dit saint Paul, à des cymbales retentissantes dont le bruit couvrira les quelques mots que Dieu nous dit en vérité.
Le Carême est un temps favorable. Il n’est pas trop de ces cinq semaines pour laisser le souffle de Dieu restructurer notre existence. Ce qui est parfois impossible à vues humaines ne l’est jamais pour Lui.