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Publié par Doyenné Pau-Périphérie

Le Temps du Carême est un temps de grâce, « le moment favorable » (1Co 6,2) pour « revenir à Dieu de tout notre cœur » (Jl 2,12). Comme Jésus, durant ces quarante jours, nous sommes conduits par l’Esprit au désert pour y être tentés par le diable (cf. Mc 1,12-15). Confortés par la Victoire définitive de Jésus sur Satan, le péché et la tentation, nous nous apprêtons à célébrer, à travers les sacrements qui nous ont font renaître, le Mystère pascal du Christ qui nous a réconciliés avec Dieu et avec nos frères.

Le Saint-Père, dans ses vœux à la Curie romaine, a proposé à ses collaborateurs un examen de conscience, une sorte de catalogue de maladies ou de tentations, précisant qu’elles étaient un danger pour tout chrétien, toute communauté, congrégation, paroisse ou mouvement ecclésial. L’objet n’était pas de juger ou condamner ses collaborateurs, mais de les inviter à la conversion et donc à chercher les moyens de la guérison. Il avait d’ailleurs explicitement situé cette démarche en lien avec le sacrement de réconciliation préparatoire à la fête de Noël. Nous aurions profit à relire ce catalogue, non en pensant aux autres mais à nous-mêmes. Ce pourrait être un bon exercice de Carême. Laissez-moi en souligner deux, dont la pertinence me semble rejoindre assez bien notre vie ecclésiale présente.

Il y a d’abord ce que le pape François appelle la « maladie du bavardage, du murmure et du commérage ».

« C’est une maladie grave, dit-il, qui commence simplement, peut-être seulement par un peu de bavardage, et s’empare de la personne en la transformant en ‘‘semeur de zizanie’’ (comme Satan), et dans beaucoup de cas en ‘‘homicide de sang-froid’’ de la réputation des collègues et des confrères. C’est la maladie des personnes lâches qui n’ont pas le courage de parler directement ; ils parlent par derrière. Saint Paul nous exhorte : “Agissez en tout sans murmures ni contestations, afin de vous rendre irréprochables et purs” (Ph 2,14-18). Frères, gardons-nous du terrorisme des bavardages ! » (Discours du 22 décembre 2014). Si nous répandions la Bonne Nouvelle, que Jésus nous a commandé de proclamer à toute la création, avec autant d’empressement que nous partageons nos critiques systématiques des autres, généralement à leur insu, le monde serait rapidement évangélisé !

Quand Jésus prêchait dans la synagogue de Capharnaüm, « on était frappé par son enseignement, car il ensei- gnait avec autorité, et non comme les scribes » (Mc 1,22). Comme on le sait le mot « autorité » vient du latin auc- toritas, où il y a le mot auctor, qui signifie « auteur/origine », et le mot auctare/augere qui veut dire « augmenter/ faire grandir ». Jésus parle avec autorité, parce qu’en lui, c’est Dieu qui parle, lui qui nous a créés par sa Parole, à son image et à sa ressemblance ; et sa Parole nous fait toujours grandir, jusqu’à ce que nous parvenions à notre pleine stature, dans le Christ. Mais quand Jésus prêche, il déclenche aussi la fureur du démon : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es… » (Mc 1,24). C’est la marque du démon que d’enfermer l’autre dans des affirmations péremptoires : « Je sais qui tu es ! » ; de réduire
l’autre à une idée qu’on s’est faite, un geste qu’il a posé, une parole qu’il aurait prononcée,
jusqu’à la « caricature ». C’est tellement plus facile, quand on ne veut pas se donner la peine
de connaître le Mystère de l’autre : « Tout homme est une histoire sacrée » ! Gardons-nous
de ces préjugés, de ces jugements réducteurs, de ces étiquettes que l’on appose sur les autres
et qui blessent tant la communion ecclésiale.

Il y a ensuite ce que le Saint-Père appelle la « maladie des cercles fermés »ces groupes
qui se constituent en-dehors du Corps et en opposition avec lui, qui évitent le « corps à
corps » et qui développe des idées de l’Église qui deviennent autoréférentielles, et finale-
ment déconnectées de la vie ordinaire du Corps ecclésial. Cessons donc de dénoncer
nos frères, résistons à cette tentation du démon et choisissons la voie du dialogue
fraternel et de la réconciliation. Ce pourrait être notre effort de Carême.

Mgr Marc AILLET, évêque de Bayonne

Source : diocese64
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